Depuis l’antiquité, construire de niveau a toujours été une des préoccupations des bâtisseurs de tous métiers.
La nature et la finalité des ouvrages vont aboutir à la création et l’utilisation d’outils de plus en plus rapides à mettre en œuvre .
Ces outils reposent sur deux principes physiques simples :
– Un liquide au repos est à l’horizontale.
– Un solide au repos et suspendu à un fil est à la verticale de son point d’accroche, une perpendiculaire à ce fil sera donc horizontale.
On en déduit donc deux familles de niveaux :
Les niveaux utilisant un liquide :
– Chorobate.
– Niveau à eau.
– Niveau à bulle.
Les niveaux transformant la verticalité d’un fil à plomb en repère horizontal:
– Niveau à pendicule.
– Niveau de dévers.
– Niveau laser ?
Le chorobate
Le plus vieux niveau à visée qui nous soit parvenu à ce jour :

On rempli le canalis, on règle comme on peut, on vise avec les deux cavaliers et c’est parti pour un aqueduc.
(une histoire d’eau, d’un bout à l’autre).

Restitution d’un chorobate par M. Jean Pierre Adam qui l’a par ailleurs expérimenté avec pertinence.
(in : La construction Romaine, matériaux et techniques, un ouvrage remarquable, aux éditions Picard)
Il y a une trentaine d’années, une version simplifiée du chorobate avait survécu étaient encore utilisée en maçonnerie aléatoire. Toujours le même principe : un liquide, rougeâtre, dans une fiole en verre étoilée. Cependant, la forte évaporation du liquide a conduit à l’abandon de cet outil de chantier plus connu sous le nom de « niveau de maçon ».
Le niveau à eau
Deux fioles, un tuyau souple, ça peut être un tuyau d’arrosage, de l’eau et surtout pas de bulles !

C’est encombrant, c’est pas facile à remplir (faut pas de bulles), c’est pas très rapide mais c’est très économique et très précis.
De toutes façon jusqu’aux années 80 – 90 on n’avait pas le choix, les lunettes étaient inabordables.
Je ne mets pas de lien Wikipédia, l’article n’est pas terrible et pas très juste non plus.
Au final c’est un outil de transition entre l’invention du tuyau plastique et la démocratisation des lunettes de visée…
On trouvera aussi des niveaux d’arpenteurs basé sur ce principe de « vases communicants »

Récupéré sur l’excellent site « le compendium »
http://www.lecompendium.com/dossier_meca_09_niveau_d_eau_d_arpentage/niveau_d_eau_d_arpentage.htm
Le niveau à bulle .

Tout le monde connait.
Avec ses version plus ou moins compliquées, plus ou moins longues, plus ou moins rouge ou plus ou moins chinoises…
Son ancêtre : (fin XIXem)
Laiton et chêne, la classe…

Et ce genre de modèle très courant jusque dans les années 70…
Une autre version du niveau à bulle : la lunette « de chantier »

Simple et basique mais d’une précision redoutable grâce au fin calage (la grande bulle sous le miroir, toutes n’en ont pas).
Pour la génération « laser » : cet outils optique permet de tracer ou relever des niveaux, des alignement, des traits carrés, des azimuts et des distances …. Mais il faut le régler !

Particularité de ce modèle Suisse (Wild) distribué en Belgique et au Congo (sic)
Une graduation en degrés, en général c’est en grades (d’ailleurs Général c’est un grade).
Pour info, les lunettes et niveau actuels (lasers) à positionnement automatiques se calent selon un système de masselotte et de pendule, cela nous enverrait-il vers l’ancêtre de la deuxième famille ?
Le niveau à pendicule

également appelé archipendule, ou plus simplement « niveau » par les ouvriers du XIXem siécle, tant cet outil est courant et répandu.
Utilisé depuis l’Antiquité égyptienne , il s’agit avant tout d’un outil de maçon.
Pas étonnant de le retrouver sur des stèles funéraires, des blasons de corporation, la symbolique de la Maçonnerie spéculative et le cortège de fantasmes qu’elle suscite parfois.
Cet outil ayant été remplacé par le niveau à bulle, il subsiste matériellement chez les collectionneurs d’outils et les « reconstituteurs »



Guedelon (on ne présente plus)
Mais aussi la collection de Michel 66 (que je salue et remercie), vous pouvez aussi regarder le reste …
http://vieux-outils-art-populaire.blogspot.fr/2013/12/niveau-perpendicule.html

Moins connu mais plus charpentesque :
Niveau de dévers
Une planche, un trait carré et un plomb a piquer, très simple, rustique et génial, l’outil semble avoir été valorisé au chauffage !
Mazerolles (Théorie des niveau de dévers et Delatataille (« première partie » ) lui réservent la place qui lui est du .
On en parle bien entendu dans les pages 40 à 45 du bouquin.
A défaut d’en trouver dans les vides greniers, on sait à quoi il ressemblait :
(1ere planche du Delataille)

Tentative de restitution.

Une planche, un trait carré (à la rainette dans du sapin – bof), un plomb à piquer.

Calage d’une pièce à l’horizontale, le niveau est sur la plumée, ça marche.

Désormais plus classique : vérification du dévers d’une pièce (aplomb tracé au crayon).
Le niveau à dévers moderne, l’aplomb du plomb est remplacé par le niveau à bulle.


Vérification du bon dévers d’une pièce avant piquage ou mise dedans
En résumé : avant le niveau à bulle, les charpentier avaient développé un niveau à pendicule original et polyvalent (calage de niveau ou à dévers).
Apres le niveau à bulle : le niveau de dévers ne subsiste que pour vérifier le dévers. Pour ce qui est du calage à l’horizontale sa mémoire a disparu. Pour ce qui est du Patrimoine Immatériel de l’Humanesco également.
Avis Avis
Si jamais vous en avez ou en connaissez un d’époque merci de m’en faire parvenir une photographie .
Le niveau laser
Tout le monde connait, au moins depuis la Guerre des étoiles.
A ma connaissance, il se met en place tout seul par un procédé de masselotte et de pendule et peut donc ainsi clore ce chapitre.
