Traité d’architecture
Réédition de Léonce Laget 1988 (ISBN 2-85204-113-8)
Nouvelles inventions pour bien bastir à petits fraiz (1561)
1er tome du Traité de l’Architecture (1567)

Pourquoi lui ?
Parce qu’il faut bien commencer par un bout et que ce livre est, à ma connaissance le premier faisant mention et représentant des épures de Trait de charpente et de taille de pierre (Stéréotomie)
Pour ce qui est de l’auteur, rendons à Wikipédia ce qui est à Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Philibert_Delorme
Ca m’évitera de plagier
Pour ce qui est des inventions.
Philibert Delorme est l’inventeur du comble éponyme
(également appelé comble à la Philibert Delorme!)
Vous pourrez parfois lire, voir et entendre quantités d’approximations sinon d’âneries à ce sujet, le papier ne refuse pas l’encre et la toile l’image.
Qu’en est-il au juste ?
Laissons le parler : (Je vais traduire un peu, c’est du franfois du XVIem)
– Chapitre II ( page 3) :
« Vous n’aurez plus besoin de grand arbres pour faire des pannes, chevrons, jambes de force et autres grosses pièces, mais seulement de plateaux comme ceux utilisés pour faire les porte et les fenêtres après qu’ils aient séché au moins trois ans. Mais là vous pourrez utiliser du bois fraichement abattu car le bois de bout ne rétrécit pas et le retrait en largeur et épaisseur pourra se faire sans problème. Je ne dis pas que le bois sec n’est pas meilleur, mais si vous êtes pressés …
A défaut de chêne, on pourra utiliser du hêtre, du chêne rouvre (sic) du peuplier, du tilleul, du frêne de l’aulne, du pin ou du sapin qui sont encore meilleurs, du châtaigner, également très bon.
Là ou on manque de bois, comme en Provence ou en Languedoc, on pourra utiliser de l’olivier, sauvage ou domestique, du noyer, etc … /… Il suffira d’adapter la longueur, la largeur et l’épaisseur des pièces à la nature des bois…/… »
Suit nombre de considérations sur la nature des bois et la nécessité d’en purger l’aubier ….
– chapitre III ( page 4) :

« Conseils aux architectes, maitres maçons, charpentiers et menuisiers …./….
Mes amis, ce ne sont pas des raisons lucratives qui m’ont amené à cherché des solutions, encore moins le fait de faire du tort à qui que ce soit …/… mais plutôt le besoin, la rareté sinon l’absence de bois de grande portée ce qui complique singulièrement les choses pour réaliser des ouvrages …/… Mais ce n’est pas tout, vous qui construisez, plus besoin de gros moyen de levage ou de transport, ce procédé vous fera réaliser une économie de 300% … /… »
Ça a le mérite d’être clair :
Palier au manque de bois de « grande portée » (chêne de futaie), voire au manque de bois tout court.
Faciliter le transport et le levage.
Par ailleurs, l’absence de commentaires sur main-d’œuvre nécessaire pour ce type d’ouvrage semble indiquer qu’elle doit être abondante et suffisamment qualifiée et peu rémunérée…ou tout simplement oubliée !
Pour ceux qui n’ont jamais entendu parler des combles à la Philibert Delorme, on pourrait les définir par un système de chevrons formant ferme composés de vaux reliés et claveté entre eux…
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Pour rappel
Le principe des chevrons formant ferme et de la charpente « en carène de navire » est caractéristique du moyen âge. Il fut, selon toute vraisemblance mis au point pour palier à la disparition des arbres exceptionnels de l’antiquité et exploiter l’abondance relative des chênes de futaies longs mais étroits.
Ce type de comble va évoluer vers les charpentes à pannes et faitages plus facile à contreventer (en longueur)
Au XVI em siècle, cette transition est actée. (F. Epaud De la charpente romane à la charpente gothique…)

Maquette de la « Maison de la chancellerie » de Blois réalisée par H. Desneux
http://www.charpentiers.culture.fr/charpentesdefrance/charpenteshistoriques/maisondelachancellerieblois
Coup de génie ou retour en arrière ?
La mise en œuvre de pièces courtes aboutées va permettre de s’affranchir de la longueur des arbres disponibles
Mais surtout, ces pièces courtes, les vaux, formant une voute vont être essentiellement sollicités à la compression ce qui permet donc de s’affranchir également du rapport « portée/retombée » des pièces sollicitées à la seule flexion.
Par ailleurs, outre l’assemblage du « chevron » : le système de lierne et son clavetage font office de barre anti- flambage, l’élancement est ainsi réduit au minimum, de plus l’établissement de croupes ou de noues peuvent palier, le cas échéant, à la faiblesse du contreventement.
Enfin, le travail complexe de ce système semble limiter sensiblement les poussées horizontales en pied de ferme.
Contrairement aux voutes en carène du moyen âge, le comble à la Philibert Delorme ne nécessite pas d’entraits sous réserve de mettre en œuvre diverses dispositions permettant d’abaisser au maximum la position des sablières recevant les pieds de ferme et/ou d’élargir et renforcer les murs gouttereau en y intégrant des galeries et bâtiments annexe agissant comme des arcs boutants. Enfin les pieds de ferme doivent être impérativement verticaux, ce qui élimine de fait les arcs surbaissés au profit des anses de paniers.
Un magnifique exemple valant mieux qu’un grand discours :
https://www.youtube.com/watch?v=8Q2BUXcAnCs
Enfin et pour conclure cette petite présentation : le traité présente également la manière de réaliser des planchers (solivages) de grande portée, sujet pertinent si il en est.
En effet, juqu’a l’ invention du lamellé collé, et plus précisément de son mode particulier d’aboutage, la réalisation de poutres état étroitement liée à la taille des arbres disponibles, chênes remarquable et multiséculaire des que l’on dépasse les 8.00m.
Delorme va donc développer son principe pour la réalisation de poutres en anse de panier.
Cela sera l’objet du prochain article
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